Arnaud Duquesne : coup de projecteur sur un indépendant qui crée son marché

Il y a tout juste deux ans de cela, Arnaud était étudiant à Louvain-la-Neuve. Il avait un compte Instagram. Il allait de temps en temps en soirée, comme tout le monde. Rien d’original, sauf qu’aujourd’hui, ses journées sont devenues plutôt originales : Arnaud est à son compte et vit d’une passion qu’il a transformée en profession, en l’espace de quelques mois. Zoom sur un indépendant qui crée son marché (et des vidéos) !

Comment as-tu appris la vidéo ? Sur les bancs d’une école ?

Pas du tout : au moment de choisir des études supérieures, un peu indécis, je vais m’inscrire en économie. Là, je le sais, j’aurai un diplôme ouvert, axé sur le commerce. J’avais une Go Pro, comme beaucoup, et je faisais des vidéos de vacances avec mes frères, tout simplement.

Un bar de Louvain-la-Neuve me propose de faire des vidéos. Je serai payé 100€ pour chaque vidéo que je réalise avec mon téléphone. Une petite fortune pour moi, je m’y mets avec mon vieux téléphone, j’ai des vidéos d’une qualité acceptable, le client en redemande. Et, en mettant la main à la pâte, j’apprends beaucoup : filmer une soirée dans un bar, c’est un défi simplement à cause de la lumière !

Je suis pris au jeu, je m’entraîne sur mon propre compte Insta, à raison d’une story par jour. Le feedback est super enthousiaste. Mon premier client me recommande à un deuxième. C’est là que j’ai compris qu’il y avait beaucoup à créer dans les réseaux sociaux, j’ai investi dans un meilleur téléphone, puis dans une caméra et c’était parti !

Aujourd’hui,  grâce à ma formation en business, je me différencie de la concurrence et je parle la même langue que mes clients. Je ne suis pas uniquement axé sur la création technique, mais aussi sur l’usage de la vidéo ou de la photo au service de la stratégie de mes clients.

Tu termines tes études et, au lieu de suivre la foule vers la banque ou les Big 4, tu te lances à l’aventure entrepreneuriale. Pourquoi ?

J’étais beaucoup plus attiré par les start-ups que par les grandes machines ! Sitôt diplômé, une start-up m’engage, en misant sur mon affinité pour les réseaux sociaux et la vidéo, plus que sur un papier. A côté, je continue à monter des vidéos pour les clients que j’avais. Après quelques mois de ce régime, je fais le calcul : je gagne mieux ma vie avec mes à-côtés de vidéaste qu’en faisant du business development.

C’est un signe : le jour de mon anniversaire, le 2 juillet 2019, je deviens indépendant, avec mon diplôme vieux tout juste d’un an. Je ferai de la vidéo, et bien plus : j’aiderai mes clients à en tirer tout le potentiel à travers les réseaux sociaux, au service de leur marque.

Sur le coup, mes parents ne me comprennent pas trop : ils auraient préféré que je prenne « un-vrai-job ». Ils ne réalisent pas qu’aujourd’hui, le monde du marketing digital emploie beaucoup de jeunes créateurs. Il y a des Instagrammeuses qui gagnent très correctement leur vie !

Les clients ont-ils été au rendez-vous dès le début ?

Oui ! La chance que j’ai eue, c’est que mes premiers clients avaient juste assez de budget pour que je puisse en vivre et, surtout, valider mon concept.  Les planètes se sont alignées !
Sans cela, j’aurais dû prendre un boulot à  temps plein et, peu à peu, au fil de la vie quotidienne, j’aurais été distrait de mon projet.

Certes, je gagne aujourd’hui moins bien ma vie que mes copains de promo qui sont chez les Big4. Je ne serais pas prêt pour autant à les rejoindre. Il ne faut pas perdre de vue que la communication et les réseaux sociaux évoluent beaucoup, et très vite : ils prennent de plus en plus de place dans les budgets marketing des boîtes.

Comment trouves-tu tes clients ?

Dès le départ, j’ai veillé à livrer 110% de ce que mon client m’a demandé ! Scooty m’a engagé pour faire une vidéo, le premier été. Je ne leur ai pas livré une vidéo, j’ai livré une vidéo et trois clips pour qu’ils alimentent leurs réseaux sociaux. Résultat des courses, en novembre, ils m’ont engagé pour m’occuper de leur marketing à raison d’un jour par semaine.

Aujourd’hui, je reste fidèle à ce principe : je vais toujours chercher à créer davantage de valeur pour mon client et à optimiser le budget dont on me parle au départ. Vous voulez une grosse vidéo chère ? Pour le même prix, je vous propose six petites capsules diffusées sur les réseaux sociaux, qui aident directement à construire votre marque. L’entreprise-type que cela intéresse aujourd’hui a entre dix et vingt employés, une personne au marketing. Plutôt que d’engager une deuxième personne, ils apprécient le mélange de consultance et de technique ad-hoc que je peux leur apporter.

Ce que je conseille à mes clients, je l’applique aussi à mon propre marketing. « I eat my own dog food », comme on dit. Aujourd’hui, je crée et je diffuse des capsules où je montre comment je travaille, de la prospection à la livraison.

Last but not least… je suis tout seul et je fais tout moi-même, de la production à la stratégie. Cela se reflète dans mes prix, et ça, ça joue toujours un rôle 😉.

En bref, mes clients arrivent parce que j’ai la technique, la création de la vidéo. Ils restent pour la flexibilité, le prix et, de plus en plus, la stratégie qui accompagne les vidéos. D’ailleurs, pour un de mes clients, je ne touche plus à la caméra et je me concentre sur la stratégie !

Pourquoi as-tu choisi d’utiliser Accountable ?

C’est une amie qui m’a parlé d’Accountable, « une app pour faire sa comptabilité », dès qu’elle a su que je devenais indépendant. Le concept m’a tout de suite attiré : j’aime me prendre pour un early adopter. J’aime l’idée de payer à la minute pour une voiture plutôt que d’en acheter une, j’aime l’idée d’une app qui avec laquelle je peux apprivoiser ma comptabilité d’indépendant. Je télécharge Accountable, je vois exactement ce qui se passe dans mes finances, j’apprends au fur et à mesure, et, comme j’aime bien contrôler ce qui se passe, ça m’a plu !  En fait, c’est avec Accountable que j’ai acquis les bons réflexes, que je découvre ce que je peux déduire, c’est comme un jeu finalement !

Comme indépendant, si tu gères bien tes finances, que tu vois ce qui se passe, que tu ne dépenses pas tout, que tu nourris de bonnes relations avec tes clients, il n’y a aucune raison que ça n’aille pas. Résultat, tu as toutes les responsabilités dans ton travail mais aussi tout le mérite qui en découle !

Que conseillerais-tu à quelqu’un qui veut se lancer ?

Je lui conseillerais de… se lancer ! La vidéo, ce n’est vraiment pas difficile. Au démarrage, on n’a même pas besoin de matériel autre que son téléphone et les cours que l’on trouve sur YouTube. Ils sont gratuits et très bien faits. Ensuite, il faut simplement s’entrainer avec ses propres réseaux sociaux. J’encouragerais cette personne à 100% !

Surtout, la vidéo est un accès à quoi que ce soit qui te passionne. Tu peux être créateur pour l’industrie de ton choix : un de mes amis créateurs a accès à tous les concerts à Bruxelles, un autre suit un entrepreneur, caméra au poing, d’île paradisiaque en île paradisiaque. Là, j’ai été engagé pour collaborer à un projet pour le Boston Consulting Group, c’est toute une autre approche.

Qu’est-ce qui te pèse dans ta situation actuelle ?

La solitude, c’est embêtant : je paierais bien un bureau juste pour avoir des collègues. L’incertitude, aussi, me pèse : aujourd’hui, on est dans une économie qui surchauffe. C’est bon pour moi, les clients affluent, mais je sais qu’en cas de récession, ce sont dans les vidéos et le marketing qu’on coupe en premier. Et puis un indépendant n’arrête jamais de travailler : un dimanche matin, je peux très bien m’atteler au travail.

Je me payais 800€ par mois, aujourd’hui je m’autorise un salaire de 1000€. Tout le reste est réinvesti dans mon activité. Je me réveille avec la pêche le lundi matin. Je sais que demain, je monte dans un avion pour filmer des clips pour une marque de vêtements.  Ma vie est passionnante. Je ne changerais pour rien au monde.

Arnaud est un des indépendants qui fait partie de la vie d’Accountable. Voulez-vous aussi partager votre histoire, vos galères et vos idées d’indépendant ? Parlons-en à sibylle@accountable.eu !